dimanche 25 mai 2014

Déjà 6 mois !






Hé oui, déjà 6 mois que je suis à Kerguelen. Pratiquement la moitié de mon séjour ici, et pourtant, comme une impression que je viens tout juste d'arriver. Je n'ai pas tenu à jour ce blog comme j'aurais voulu le faire, mais ce n'est pas évident de se mettre devant son ordinateur pour écrire quand on est sur base, et encore moins quand on est en manip. Bon, je profite d'un élan de motivation et d'un creux de deux jours entre les manips pour faire un peu de blabla!
Par où commencer ? Hum, la base de Port-aux-Français (PAF), je crois que je n'ai pas décrit une seule fois la base. Pas étonnant, je n'y suis pas très souvent, tout juste une quarantaine de jours depuis que je suis ici. Une trentaine de bâtiments sont occupés par 45 hivernants (une grosse centaine l'été). On y vit, on y mange, on y travaille. C'est une mini-ville sans magasin, mais où nous avons un restaurant, un cinéma, une salle de sport, un bar, un garage, une centrale électrique, etc… Personnellement je ne manque de rien, je dirais même que ce que nous n'avons pas ici est un véritable luxe (super marché, téléphones portables, télé, accès internet haut débit…). Non, vraiment, il n'y a que l'essentiel et c'est très plaisant. Les bâtiments de chambre sont tout confort. Chambre individuelle avec douche et WC, salle commune pour les poses thé et apéro, buanderie. Le grand luxe quoi ! Côté vie sur base, c'est un peu toujours la course entre préparer les affaires pour la manip suivante, passer du temps avec les gens et tenir à jour les fichiers ornitho. Les VAT sont unanimes, sur base, on s'épuise vite et c'est en manip qu'on peut récupérer ! Le matin jusqu'à 8h30 le petit déjeuner est servi, avec pain chaud et même des viennoiseries au moins deux fois par semaine. A midi, un bon repas, avec peu de produits frais, mais c'est toujours un vrai régal. Un café avec une partie de billard, ou papotage dans les canapés du bar et hop, l'après midi poursuit son cours. Le soir, vers 18h sonne l'heure de l'apéro, puis 19h pour le repas, suivi d'un billard ou autre. Le cinéma est ouvert pratiquement tous les soirs, c'est bien sympa de manger une glace dans des bon fauteuils de velours! Le vendredi soir, le bar ouvre et l'ambiance est toujours au rendez-vous. Ça peut donner l'impression d'une routine pesante, mais ce n'est pas le cas pour ma part. C'est bien d'avoir des repères, des horaires pour ne pas trop se désorienter. Sur base on vit également les moments fort de l'année, les Opérations Portuaires ou OP, lorsque le Marion Dufresne vient nous ravitailler, déposer des gens et en prendre d'autres. C'est toujours l'occasion de faire de gros banquets et de grosses fêtes, mais aussi de verser la larmichette quand vient le moment des départs. Et puis on voit des gens nouveaux ! Étonnant, mais en quelques mois c'est comme si c'était devenu chez nous, avec nos habitudes et nos coutumes.
Coté météo, l'été n'a pas été extraordinaire. Mois de janvier maussade, peu de pluie mais beaucoup de nuage. Le vent moyen était de 30-40km/h, avec parfois du 110km/h et rarement des heures sans vent du tout. Normal pour Kerguelen. Mais je vous garantis que lorsqu'il n'y a pas de vent, on sent qu'il manque quelque chose. Les odeurs de la nature reviennent, on entend différemment, on se réchauffe très vite. En ce moment l'hiver arrive. Nous avons un rythme quasi installé d'une tempête par semaine, avec des vents à 120km/h. Les premières neiges sont tombées il y a quelques jours, laissant un paysage blanc aux reliefs nouveaux. Après avoir pris l'habitude de voir des albatros dans l'aceana, c'est changeant de les voir dans la neige, c'est comme redécouvrir Kerguelen. D'ailleurs, en parlant de sites, on peut se dire que Kerguelen est immense (pratiquement comme la Corse) et qu'il y a beaucoup à voir. Pourtant, pour des raisons de sécurité la moitié Ouest de l'archipel n'est pas accessible, tout comme la quasi-totalité des 300 îles. Bon, il n'y a pas a se plaindre, dans notre terrain ornitho nous avons accès à une dizaine de sites différents répartis sur la péninsule Courbet et dans le Golfe.
Arf, je n'ai pas pris le temps de terminer cet article et je m'y remets après 4 jours de manip à Pointe Morne. J'étais avec Yves, l'ornitho de la réserve naturelle. Nous y étudions la survie des poussins de grand albatros sur un programme commun, et en même temps il en profite pour faire du comptage de canard d'Eaton. Ces canards ont tendance à se rassembler dans les zones marécageuses pendant l'hiver. Pratique (ou pas) pour les comptages. D'ailleurs, on ressent bien l'hiver en cabane. Comme dit Valentin l'ornitho de Crozet, c'est pas nous qui rentrons dans l'hiver, c'est hiver qui nous rentre dedans! (Bon, lui c'était dans le cas d'une grosse tempête essuyée pendant un transit… youpi !). Bref, en cabane, on se les gèle ! Et je ne parle d'avoir frisquet quand on se glisse dans le duvet. C'est pas de la survie, on a un chauffage au gaz qu'on peut allumer, mais ça fait quand même froid aux mains de faire la vaisselle avec de la neige fondue! La doudoune et les chaussettes de laine (tricotées par la grand-mère Hé..Hé) sont de rigueur. D'ailleurs, les souris sont du même avis, elles commencent à s'installer pour de bon dans les cabanes non souris-proof. Ça fait de la compagnie et une occupation quand il s'agit d'inventer un système pour les piéger! Mais rassurez vous, en cabane on ne fait pas que se regarder dans le blanc des yeux ou chasser le mulot à grand coup de bottes crottées. Avec les jours qui raccourcissent on rentre à 17h à la cabane et on fait la VAC. La VAC c'est l'unique lien qui nous relie à la base lorsqu'on est en manip. Cette communication radio quotidienne sert avant tout pour dire qu'on est encore bien en vie et au passage on a le bulletin météo pour les prochains jours. Très pratique quand on doit bosser sur le terrain, de savoir si il y aura une tempête ou non. A la VAC on peut également passer nos messages aux responsables de programme via le Gener, le gars qui est chargé de la gestion de la logistique IPEV sur place. Une fois la VAC terminée vient la planification du repas, ou d'abord, de l'apéro! Ça dépend des manips, quelques fois on joue aux cartes, d'autres fois on met juste de la musique et on papotte, ou même on se regarde des ptis films (ou des épisodes de South park Hé..Hé). Pour l’apéro on fait avec ce qu'on a, bien souvent du pâté avec du pain de cabane, mais parfois olives, tuiles ou cacahuètes selon l'approvisionnement de la cabane. C'est aussi le moment de sortir nos biens les plus précieux : la bouffe emportée dans nos malles ou envoyée par colis! On ne manque de rien et pourtant c'est tellement bien de manger un pâté qui n'a pas le même goût que d'habitude, des biscuits de chez nous, un apéritif typique ou tout autre chose qui nous sort de l'ordinaire. Selon les manips, si on vient d’enchaîner une grosse marche, ou si le rythme n'a pas été très intense, le menu varie. Ça peut aller de pâtes carbo à l'épaule de porc et au lait concentré, à pizza, tartes, couscous, riz en tout genre, rougaille saucisse, ou tout autre chose qui nous passe par la tête et qui est suivie d'un "Aller, c'est partit !". C'est ça qui est agréable à vivre ici, ces moments partagés en cabane, où on peut discuter librement avec les gens et apprendre à les connaître au quotidien, en petit comité.  Une ancienne hivernante m'avait dit "tu verras, il n'y a pas de règles à Kerguelen". Ça a du vrai, mais il y a des règles de vie en groupe qui sont bien plus importantes à respecter que dans la vie de tous les jours. Discuter, écouter, participer aux activités et aux taches communes, ou tout simplement dire bonjour. Des choses normales quoi, mais qui ont tout leur sens ici. Un autre truc important et qui nous occupe beaucoup, surtout en manip, c'est la météo. Chaque jour nous recevons un bulletin météo par la VAC, ce qui nous permet d'anticiper sur nos manips, selon si du gros vent peut être gênant ou non. Les trois gars de la météo (dernière année ou ils sont trois, ça passe à 1 dès OP2) ont la possibilité de se relayer pour partir en manip avec nous. C'est bien sympa pour avoir des explications sur les phénomènes météorologiques de Kerguelen, qui est un "cas d'école". Rien, ou presque, ne vient freiner la progression des perturbations. Du coup, on peut parfois lire dans le ciel le temps qu'il fera 6h plus tard, tout particulièrement à l'approche d'une perturbation. En tout cas, même si on s'en prend plein la tête, les nuages sont magnifiques ici.
Allez, stop au blabla, et place aux photos, pour une petite sélection depuis mon arrivée. Un peu en vrac, pas forcément de bonne qualité, mais allons-y pour la quantité!



Abri de fortune sur le hallage des naufragés en attendant le chaland

Annonce d'une perturbation

Arrivée du chaland à Mayès, retour sur base.

Atterrissage contrôlé du pétrel géant

Avant la vague, après la vague

Belle souille de la mort

Bon petit repas de cabane à Mayès

Bonne journée d'été à Mayes, idéale pour prendre l'apéro au soleil


Brouillard marin arrivant sur la colonie de Sourcils noirs

Brouillard opaque arrivant du Nord

Cabane de Cotter, juste pratique comme il faut

Cabane tout confort du canyon des sourcils noirs, mobilier refait par la Log, reste plus qu'à terminer la déco

Chalet de Sourcils noirs, au creux du canyon

Chantier pour sortir le voilier du banc de sable


ça souffle en altitude !



Chaque jour de soleil nous voyons des arcs-en-ciel

Choux de Kerguelen à Mayès

Ciel en bazard

Cirrus, les nuages typiques annonciateurs de perturbations

Colonie de cormorans de Kerguelen à Pointe Suzanne. Le blanc, c'est de la fiente...

Colonie de Gorfou macaronis à Cotter

Colonie de Gorfous macaronis sur la côte des gorfous dorés. Plusieurs dizaines de milliers d'individus


Colonie de Gorfous macaronis sur la côte des gorfous dorés. Plusieurs dizaines de milliers d'individus

Colonie des Albatros à sourcils noirs

Contrôle éclosion des Skuas à Mayès

Cormorans de Kerguelen sur leur reposoir à Pointe Suzanne

Coucher de soleil à Cotter

Coucher de soleil à Ratmanoff

Dans les coulisses du clip Happy

Dauphins de Comerson à côté du chaland
Des Cracous et des hommes

Devant la cabane, à l'heure du petit déjeuné

Désert de Morne, résultat du changement climatique et du lapin

Epave de l'Alberta, bateau belge de pêche, sabordé volontairement après son abandon, en 1941 par un navire australien venu miner les points stratégiques de Kerguelen durant la seconde guerre mondiale

Etranges nuages au dessus de la chapelle de Notre Dame des Vents

Falaises à sourcils noirs et fuligineux

File indienne face à un vent de 80kmh pour aller à Ratmanoff

Fin d'une manip manchots

Formations rocheuses en tubes hexagonaux, à pointe suzanne

Front des perturbations au dessus de la base

Goldorak, le vieux chat habitué aux poubelles de la base

Grand albatros mâle

Gros mâles revenus à terre pour muer

Grosse tempête d'avril

Groupe de canards d'Eaton, espèce endémique de Kerguelen et Crozet

Il ne fait pas toujours beau à Kerguelen

Il y a des jours où il vaut mieux être bien équipé contre le froid

Jeune eleph

Juvénile de Pétrel géant subantarctique

La base sous la neige, vue de Morne

La becquée du Sourcils noirs, au menu calamars et poisson des glaces

La flottille sur fond de presqu'île Ronarch

Lac aux eaux turquoises

Le lac de la fée à Cotter

Le soleil se couche sur un ciel bien dégagé à Cotter

Les Papous commencent à se regrouper

Levé de soleil sur le Mt Campbell à Cotter

Mais où est Charly?   ;)
















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